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Cécile

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Mystère

21/09/2013 16:04

  - Elle qui était si joyeuse... Comment cela a-t-il pu se passer... Nous devons découvrir pourquoi elle est si triste. Personne n'a le droit de mépriser ou de maltraiter quelqu'un. Il faut réagir avant qu'il ne soit trop tard. Commença le directeur du collège.

  - Pendant les cours d'éducation sportive, elle se donnait à deux cents pourcent mais elle était ailleurs, cela se voyait... Je n'ai pas osé lui demander qu'est-ce qu'il c'était passé. Je sais que j'aurais dû lui demander mais je n'ai pas osé... Je suis désolé... Continua le professeur de sport.

  - Moi, je l'ai fixé du regard pendant tout la cour mais elle avait beau me regarder avec des yeux tristes, je ne sais rien de plus sur elle... Enchérit le professeur de technologie.

  - Bon je pense que tout le monde ici est au courant que cette jeune fille à un sérieux problème, mais, je suppose, que personne ne sait pourquoi elle est comme ça ? Dit le professeur de français.

  - Non, vous avez raison... Vous savez, nous pouvons l'appeler par son prénom. Continua le directeur.

  - Oui, vous avez raison. Donc je pense qu'Eva est perdue dans ses pensées un peu trop souvent... Notre devoir est de savoir pourquoi elle est dans cet état... Dit le professeur de mathématiques.

  Cette fois c'est le professeur d'arts plastiques qui prirent la parole :

  - Je lui ais déjà demandé mais rien à faire elle refuse d'en parler à quiconque...

  Tous les soirs c'était  la même discussion qui revenait, celle du problème de cette jeune fille, Eva. Elle avait arrêté d'échanger avec les personnes de son âge. Eva se coupait du monde. Elle ne voulait plus parler à personnes sauf si il s'agissait d'un adulte, car seul un adulte ou une personne suffisamment mature pouvait l'aider... Mais Eva n'osait pas en parler pour peur que la personne le dise à ses parents, encore à tous le collège, elle s'en fichait mais à ses parents, Eva ne pouvait l'accepter.

    

  Le professeur de sport, ne sachant que faire, décida de faire un petit tour pendant la pause du midi. Il alla où ses pas le guidèrent, c'est à dire dans le couloir de français. Elle était là. Sur le toit. Allongée. Ses longs cheveux noirs corbeaux étaient étendus sur le toit, la nature l'avait dotée d’yeux verts au centre bleus. Il devait lui parler, les arguments donnés à la réunion tournaient sans cesse dans sa tête. Il ouvra la fenêtre et pénétra sur le toit plat.

  - Que fais-tu là ? Demanda-t-il.

  - Et vous ?

  Silence.

  - Que fais-tu dehors avec un temps pareil ?

  - J'aime bien le ciel quand il est gris.

  Le professeur de sport la regarda mais sans comprendre. Eva avait les yeux vers le ciel et le regardait sans avoir aucunes émotions.

  - Peux-tu me parler de toi ? Demanda le professeur plein d'espoir.

  - Oui que voulez-vous savoir ? Dit-elle en se redressant.

  - Pourquoi ne restes-tu pas avec les adolescents de ton âge ?

  - Parce qu'ils ne sont pas comme moi. Dit-elle en fermant les yeux.

  - Et comment es-tu ? Dit le professeur.

  - Excusez-moi. Je dois y aller. Elle se leva et passa par la fenêtre.

  - Attends ! S'écria l'homme mais Eva avait déjà disparu dans le couloir.

 

  Elle vivait dans un internat. Tout le monde savait qu'elle avait changé mais que les enseignants s'en occupaient. Pour les élèves, elle était comme qui dirait invisible. Eva trouvait que personne ne la voyait, elle pensait être la seule qui éprouvait le sentiment qui la rongeait. La jeune fille avait beau voir sur internet des personnes dans le même cas qu'elle, Eva était convaincu que ce sentiment était unique et qu'elle était la seule à avoir cette étrange envie.

  Même si tous les professeurs essayent de la sortir de se profond désespoir, Eva est convaincu, quand réalité, ils essayent de la sauver juste pour considérer cela comme une victoire personnelle. Personne ne faisait vraiment attention à elle... Une partie de la jeune fille disait : « Aidez-moi ! » et  une  autre  disait : « Je peux me débrouiller toute seule ! » Eva était perdue entre les deux, laquelle partie devait-elle écouter ?

 

 

  Pour les professeurs, les cours se terminaient à dix-huit heures et demie. Le professeur de sport, Monsieur Mortier Nicolas, sortit le dernier et aperçu au loin Eva. La jeune fille était allongée en bordure de route. Nicolas accourut lui porter secoure. Eva allait mal, son pouls était très faible et sa fréquence respiratoire aussi. Avait-elle été agressée ? Le professeur l'éloigna du bord de la route et appela une ambulance. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous deux à l'hôpital. Le médecin examina le corps d'Eva.

  - Les coups sur sa hanche droite et sur son visage côté droit, sans oublier son bras droit cassé, ont été portés par une voiture. La jeune fille a donc été renversée.

  - Elle va vivre, pas vrai ? Demanda avec inquiétude Nicolas.

  - Il faudrait au moins qu'elle en est envie.

  Le professeur eu soudain un tas de doutes, Eva ne rouvrira, sans doute, jamais les yeux.

  Quelques heures plus tard, les parents d'Eva avaient été informés de l'état de leur fille, mais aucune réaction ne se fit entendre dans la voix des parents.

  Cela faisait maintenant deux mois qu'Eva se trouvait dans le coma. Un jeune homme s'approcha de la chambre d'Eva, il y pénétra et s'assit sur la chaise à côté de la jeune fille. Nicolas, qui était présent, observa la scène d'un coin de la pièce. Le jeune homme se pencha et murmura quelques mots à l'oreille d'Eva. Il se redressa et partit sans un mot. Nicolas eu à peine le temps de voir une partie de son visage, triste mais à la fois sans émotions. Cela était très étrange. Le professeur se dirigea vers la porte, passa la tête pour apercevoir le jeune homme, mais il n'y avait personne dans les couloirs, pas la moindre trace de l'adolescent. Soudain un petit gémissement le fit sursauter : Eva était réveillée. Nicolas se précipita vers la jeune fille.

 

  Quelque mois plus tard, cet accident n'avait rien changé. Les élèves la regardent toujours de travers, enfin quand ils la regardent.

 

  - C'est toi Eva ? Cria une voix

  Eva se retourna et vit un jeune homme qu'elle n'avait jamais vu.

  - Oui répondit-elle d'une voix assurant.

  - Tu vas mourir ! Lui cria encore l'adolescent.

  Et contre toute attente, elle répondit simplement :

  - Et alors ?

  Le jeune homme avait un visage déformé par la haine mais aussi par la peur. Soudain, il se jeta sur Eva et tenta de lui donner un coup de poing au ventre. Un seul petit pas suffit à la jeune fille pour l'esquiver.

  - Tu te rends compte que je n'ai fait qu'un seul pas pour t'esquiver? lança la jeune fille.

  Eva l'esquiva jusqu’à ce qu'il en soit épuisé, puis sans un mot, elle se retourna. Les élèves s'étaient regroupés autour des deux adolescents et aucun d'eux ne voulaient laisser passer la jeune fille avant qu'elle ne se soit battu. Elle analysa les positions des personnes, et, avec une très grande agilité et précision, Eva réussit à s'échapper de la prison humaine. Les élèves l'effleurèrent ses bras, essayèrent par tous les moyens de la retenir mais elle fut plus rapide. Les surveillants arrivaient trop tard, comme à leurs habitudes. Tapis dans l'obscurité, d'un recoin de la cour, une âme observait la scène.

 

  Toute la classe se tenait dans le haut du gymnase, Eva était appuyée contre un mur pendant que les autres piaillaient d’impatience autour du professeur. Une autre classe vint les rejoindre.

  - Nous allons noter votre force physique et mentale. Commença un des professeurs.

  Tout le monde poussait des soupirs sauf Eva qui, savant qu'elle arrivait à se surpasser, ne redoutait rien.

  - Sans manteau ni écharpe ou autre chose qui tient chaud, vous allez rester dehors par ce temps grisâtre et celui ou celle qui restera en dernier gagnera.

  Les élèves allèrent dehors. Les premiers à abandonner sont presque toutes les filles qui, craignant énormément ce froid hivernal qui n'étaient pas bon pour leurs cheveux, étaient rentrées à partir de cinq minutes. Puis c'est au tour des plus frileux des garçons. Bientôt Eva était la seule qui restait. Le professeur de sport lui demanda de rester le plus longtemps possible et c'est ce qu'elle fit. Elle s'assit en tailleur et attendit les yeux fermés. Une main vint se poser sur son épaule. Eva tressaillit. Elle se retourna brusquement et remarqua que le professeur était derrière elle.

  - C'est fini, tu es restée une heure dehors.

  Le professeur lui tendit la main pour la relever mais elle l'écarta et se releva toute seule.

  - Mais enfin... Commença Nicolas.

  - Je n'ai pas besoin d'aide. Coupa la jeune fille.

  Le professeur ne releva pas et ils rentrèrent tous les deux dans le gymnase.

  - L'épreuve du physique peut commencer. Pendant que vous étiez entrain de gelez dehors, nous avions préparé un parcours. Vous devez courir toute la longueur du gymnase, puis faire un saut écart au-dessus du cheval, puis faire un tour avant aux barres asymétries, sur la barre haute et basse. Vous devez faire aussi les barres parallèles et la poutre et tout ça le plus vite possible. L'épreuve doit être faite trois fois.

  Après les explications les plus faignants des élèves commençaient à se plaindre. Cette fois, Eva arriva cinquième, car il y avait, dans la classe, quatre personnes avaient fait de la gymnastique. Ils étaient donc plus alaise sur les agrès.

 

  Quelques mois plus tard, un incident se produisit. Une personne venu de l'extérieure de l'internat avait réussi à rentrer. Tous les adultes se mirent à sa poursuite mais il resta introuvable. Peut-être était-il déjà parti ? Mais pour plus de sécurité, ils reprirent les recherches. Les adolescents étaient priés de rester enfermés dans leurs chambres. Mais Eva avait l'impression d'étouffer entre ces murs trop étroits. Une seule solution : sortir. Elle pénétra discrètement en dehors de sa chambre et se dirigea au hasard parmi les divers couloirs. Un cri parvint d'une salle entre ouverte, Eva passa la tête et aperçu un homme brandissant un poignard et un professeur apeuré. Eva se jeta sur le bras qui tenait le poignard, mais la personne la rejeta en arrière et la jeune fille se cogna violemment contre le mur. Sa vision commença à se troubler. La dernière image qu'elle vit, c'était cette jeune femme, allongée sur le sol, saignant abondamment du ventre. La personne rentra dans une longue agonie devant ses yeux. Eva ne pouvait rien faire, elle arrivait à peine à bouger, alors, elle ferma les yeux et plongea dans les ténèbres. C'était la première fois. La première fois, qu'elle vu un tel spectacle.

 

  Nicolas était resté au près d'Eva, dans l'infirmerie, jusqu'à ce qu'elle soit réveillée.

  - Comment te sens-tu ?

  Silence.

  - Tu veux me dire quelque chose ?

  - Non répondit Eva

  - Tu peux me faire confiance. Tu n'es pas obligée de tout me dire, mais juste au moins un petite partie, juste un peu pour que je puisse te comprendre un minimum...

  Eva se leva dans un épais silence et se dirigea vers les toilettes de l'infirmerie. La jeune fille laissa la porte ouverte. Nicolas se retourna pour la regarder. Eva s'était appuyée sur le robinet et regardait son reflet dans le miroir. Le professeur de sport se leva de sa chaise et s'approcha de la jeune fille. Cette fois, il ne la touchera pas pour ne pas la faire fuir de nouveau. Il s'arrêta à quelques pas d'elle, Eva semblait troublée, « sûrement à cause de ce qu'elle a vu » se dit le professeur.

  - Pourquoi... murmura Eva

  Le professeur ne sut pas quoi répondre.

  - Pourquoi ça m'arrive ? Pourquoi à moi ?

  Silence.

  Soudain, s'en prévenir, Eva frappa son reflet. Le miroir se brisa sous le choc. Le sang coula autour du bras de la jeune fille. Elle tomba à genou, le liquide rouge se rependit sur le carrelage. Nicolas attrapa des compresses pour éponger la plaie qui ouvrait la main d'Eva.

  - Mais qu'est-ce qui t'as pris ! S'écria le professeur

  - Je ne veux plus...

  - Comment ?

  - Souffrir... Murmura Eva

  Nicolas la regarda avec étonnement. Elle venait de lui dire quelque chose sur elle, pour la première fois.

 

  - Cela fait trois jours qu'Eva ne vient plus en cours. Elle reste dans sa chambre et refuse toute visite. Remarqua le principal cela dit, j'ai essayé à maintes reprises de lui parler, elle reste muette la porte fermée à clé.

  Le professeur de sport hésita à dire ce que lui avait confié Eva, quelques heures avant la réunion du soir. Il finit par ne rien avouer. A la fin de la réunion, Nicolas se précipita dans la chambre d'Eva. Il était vingt et une heures mais Nicolas savait qu'elle était la seule à avoir une chambre à part. Enfaite, ce sont plutôt ces camarades qui ne voulaient pas d'elle dans leurs chambres. Il n'y avait pas de lumière sous sa porte mais il frappa comme même. Aucune réponse ne se fit entendre, comme l'avait précisé le directeur. C'est soudain que l'image d'Eva, assise sur le sol entourée de bouts de miroir, traversa l'esprit du professeur, il l'a chassa immédiatement et refrappa à la porte.

  - C'est ton professeur de sport, Mortier Nicolas.

  Une clé tourna dans la serrure. Il attendit un instant avant d'ouvrir la porte. Elle était là, assise à son bureau, le corps tourné vers la fenêtre. La pleine lune apparaissait  entre deux épais rideaux bleus.

  - On a parlé de toi en réunion. Commença Nicolas

  Silence.

  - Le principal est venu te voir, je me trompe ?

  - Non. Lui répondit froidement la jeune fille, toujours tournée vers la fenêtre.

  - Pourquoi est-ce que tu ne lui as pas ouvert ?

  Silence.

  - Tu peux me répondre s'il te plait ?

  - Je suis désolée d'avoir été aussi faible la dernière fois. Je me suis laissé aller.

  - Cela arrive à tout le monde de se laisser emporter et à toi aussi.

  Eva baissa les yeux, elle semblait observer quelque chose. Nicolas tourna la tête et aperçu, dans l'ombre, l'objet qu'elle fixait. C'était un ours en peluche, il était usé mais propre. Un ruban Rouché sang était accroché autour de son cou.

  - C'est tout ce que je détiens de ma mère. Elle est morte un peu après ma naissance. Je devais avoir trois ans.

  Répondit Eva à la question muette de Nicolas.

  - Pourquoi est-elle morte ?

  - Ma mère voulait que je sois une petite fille modèle. Elle m'avait inscrit à tous les cours dans les environs : piano, guitare, violon, solfège, courtoisie, tennis, handball, danse et gym. Je devais rentrer dans ces écoles l'année d'après. Elle m'avait même achetée une carte d'accès à vie à la bibliothèque. Dit-elle avec un petit sourire en coin. Tout ça pour qu'elle décède dans un accident de voiture. Ajouta-t-elle froidement. Normalement, elle devait être au travail, mon père ne comprend toujours pas pourquoi elle était sur la route.

  - Mais toi tu le sais n'est-ce pas ?

  - Oui... Elle était venue me chercher. J'étais à la garderie quand je me suis battu avec un garçon. Il m'avait pris le ballon avec lequel je jouais et je me suis énervée. Ils l'ont appelée pour la prévenir de mon comportement excessif. Elle est morte à cause de moi.

  - Tu ne l'as pas dit à ton père ?

  - Non, je ne peux pas. Il va me détester.

  - Tu devrais lui dire. Beaucoup de parents aiment leur enfant quoi qu'ils fassent.

  - Même si leur enfant a tué leur moitié ?

  Silence.

  - Tu vois toujours ton père ?

  - Il est parti faire sa propre vie de son côté et m’a inscrit ici.

  Nicolas la serra, brusquement, dans ses bras. Contre toute attente, Eva se laissa, à nouveau, aller dans ses émotions et se vida de ses larmes. Une fois ses yeux secs, Eva s'assoupit dans les bras de Nicolas.

 

    

  - Monsieur MORTIER, vous êtes le seul à qui Eva se confie. Il est de votre devoir de l'aider. Vous ne pouvez pas refuser. Vous trouverez un moyen pour qu'elle se sente mieux et qu'elle se remette à parler avec les autres. Avez-vous quelque chose à ajouter ?

  - Oui, j'aimerais, si cela est possible, la changer de classe à fin qu'elle puisse changer de décor. Et je voudrais, aussi, faire une demande pour devenir son mentor.

  Le directeur lança un regard vers les autres professeurs.

  - Nous sommes d'accord pour la changer de classe, mais pour devenir son mentor c'est votre vie privé, vous faites ce que bon vous semble.

  Le professeur de sport se leva et sortit de la pièce. Une joie immense grandit en lui, tout lui semblait parfait. Il allait enfin savoir ce qu'éprouve un père, lui qui n'avait jamais eu d'enfant. Il avait envie de la protéger, de tout faire pour la rendre heureuse.

 

 

  Quelques mois plus tard, Nicolas fut à nouveau demandé dans le bureau du principal pour parler du cas de son élève, Eva.

  - Félicitation !

  - Je vous demande pardon ? Interrogea Nicolas perplexe

  - Je vous félicite ! Grâce à vous, Eva semble plus heureuse. Depuis que je l'ai changé de classe, elle s'est intégrée en quelques jours. Merci beaucoup. J'ai parlé aux élèves de sa classe, ils disent tous s'entendre très bien avec la jeune fille. Je l'ais même surprise, à plusieurs reprises, entrain de sourire !

  - Et vous pensez que c'est grâce à moi ?

  - Parce que ça l'est ! Si vous n'étiez pas devenu son mentor et que vous ne m'auriez pas conseillé de la changer de classe, je n'aurais jamais vu son sourire éblouir son visage ! Merci du fond du cœur, quand vous verrez son sourire éclatant, vous comprendrez. A présent, vous pouvez disposer.

 

  Le professeur observa Eva tout le reste de la journée. Elle était le centre d’intérêt de tout un groupe. « Alors c’est comme cela que ça se termine ? » Se demanda Nicolas. « Maintenant qu’elle est heureuse je n’ai plus rien à faire pour l’aider. Mon rôle de père est finit. Je ne sers plus à rien… »

  Le soir venu, le professeur erra dans les couloirs et s’arrêta devant la chambre d’Eva. Après avoir longuement hésité, il toqua et entra. Eva était debout devant son bureau.

  - Bonsoir ! Lança Eva avec un grand sourire

  - Bonsoir. Je voulais savoir si tu vas bien ? Je sais que c’est une question étrange, mais je voulais savoir si, au plus profond de toi, tu te sens bien ? 

  - Ne vous en faites pas, le fait de vous parler m’a fait du bien. Je me sens beaucoup mieux maintenant !

  - Bien, je vais te laisser te reposer. Bonne nuit ! Ajouta-t-il avec un sourire forcé.

  Dès qu’il eut fermé la porte, il s’y appuya. C’était bien fini… Eva s’assit sur le bord de son lit. Ses yeux perdus dans les abysses de son cœur, elle s’endormit rapidement. La jeune fille s’abandonna pour une nuit sans rêve, une nuit encore hantée par ses démons.

 

  Le lendemain, Eva ne répondit pas à l’appel de midi. Le directeur ignora le fait qu’elle avait pu sortir sans autorisation. Une fois le diner terminé, Nicolas monta dans la chambre d’Eva. Il entra sans toquer. Le professeur fut surprit de trouver la jeune fille habillée en noir, un mouchoir blanc sur le visage. Nicolas s’approcha doucement, enleva le mouchoir et constata que la jeune fille dormait. Ses yeux étaient noirs du maquillage qui avait coulé à cause des larmes qu’elle avait versé. Nicolas plia soigneusement le mouchoir avant de le poser sur le guéridon. Il borda Eva et avant de franchir le seuil, il lui adressa un regard qu’elle ne put rendre.

  Le directeur fit appeler Nicolas dès que ce dernier soit sorti de la chambre d’Eva.

  - Il semblerait que le professeur d’Eva soit décédé il y a quelques jours et qu’elle soit allée à son enterrement aujourd’hui.

  - De quel professeur s’agit-il ?

  - De son professeur d’arts martiaux. Il était l’exemple d’Eva, celui qui guidait les pas de son élève.

  - Que lui est-il arrivé ?

  - Suicide.

  - Mais enfin, il a abandonné son élève ?!

  - La vie a ses défauts. Parfois les personnes préfèrent mourir que de vivre et souffrir. Nous ne pouvons rien faire. Si nous les retenons, cela ne ferait qu’aggraver leur situation en les faisant encore plus souffrir. Le professeur d’Eva a dû tellement souffrir dans sa vie qu’il a préféré en finir. Mais je m’inquiète plutôt pour Eva. Je me demande comment elle réagit face à cet acte.

  - Elle souffre… Quand je suis rentré dans sa chambre, elle pleurait tout en dormant…

  - Débrouillez-vous mais je veux qu’elle se rétablisse au plus vite.

  - Mais comment dois-je mis prendre ?

  - Je n’en sais rien ! Déclenchez un miracle !

  C’est troublé que le professeur de sport sorti du bureau de son supérieur.

 

 

  Eva disparu. Aucun de ses « amis » l’avaient vue. Nicolas sortis de l’internat et parcouru la ville en courant. Aucunes traces d’Eva. Un étrange sentiment habitait son cœur. « Où est-elle ? » Se répéta le professeur.

  Les policiers avaient repris l’enquête.

  Plusieurs mois après l’incident, Les policiers chargés de l’enquête abandonnèrent les recherches. Nicolas, en apprenant la nouvelle, fut remplit de colère. Il soulevât son bureau et s’enfuit dans l’espoir de retrouver Eva.

  Il courut sans s’arrêter. Nicolas se stoppa devant un vieux bâtiment à moitié effondré. Il s’avait qu’elle était là, il la sentait. Le professeur rentra par un trou dans le mur qui se situait sur le côté gauche. Il entendit un cri puis des rires. Le sang glaça dans ses veines. Nicolas avança avec l’impression de faire trop de bruit. La seule vision d’Eva lui redonna du courage. Avant de se lancer corps et âme, il téléphona à la police. Cette dernière allait arriver d’une minute à l’autre. Il eut des bruits de pas, puis plus rien. Tout redevint calme. Nicolas s’approcha de l’ouverture dans le mur pour observer ce qui s’y passait. Cela donnait dans un couloir. Six portes s’ouvraient devant lui, laquelle choisir ? Il pénétra dans le couloir avec précaution. Le jeune professeur ouvrit une des portes au hasard. La vérité le frappa de plein fouet : des corps de jeunes filles torturées allongées sur le sol. Une d’elle souleva sa tête pour apercevoir Nicolas, elle lui adressa un sourire forcé avant de sombrer à nouveau dans le néant. Horrifié par ce qu’il venait de voir, Nicolas fit un pas en arrière. Une sensation de dégout l’envahi puis il eut une vision d’Eva dans le même état que ces jeunes filles. Un bruit qui venait de derrière lui le fit tressaillir. Sous le coup de la surprise, il se retourna vivement. Deux hommes se tenaient dans l’embrasure de la porte.

  Noir.

  Quand Nicolas se réveilla, il était enchainé à un anneau de métal accroché au mur. Après avoir essayé de se détacher, il regarda autour de lui. Le corps d’Eva, remplit de marque, jonchait sur le sol. Une immense haine monta au cœur de Nicolas. Il hurla, se débattit comme un animal en cage. Un homme entra lui banda la bouche et resserra ses chaines pour le redresser. Puis il sortit de la pièce. Des gouttes de sueur dégoulinaient sur le front et dans le dos de Nicolas. L’autre homme entra, il était armé d’un fouet. Nicolas, les yeux ronds d’effroi, essaya, avec peine, de reculer mais le mur le bloqua.

  Nicolas revint à lui par un secouement. Quand il ouvrit les yeux, il se trouvait face à un policier. Le professeur n’était plus attaché. Il contempla avec stupeur les marques laissé par le fouet. Puis il tourna la tête et remarqua que corps d’Eva avait disparu. Il se leva péniblement et se dirigea vers la sortie. Nicolas parcourra les salles rapidement et tomba sur une porte fermée. Il essaya à plusieurs reprises de l’enfoncer avec une épaule, mais rien ne bougea. Des policiers apparurent avec un bélier. Une fois la voie libre, Nicolas fut le premier à rentrer. Eva était installée sur une croix. Sa respiration était faible, ses blessures profondes et ses yeux vides. Nicolas se jeta sur elle et la détacha. Elle ouvrit les yeux et adressa un sourire perdu.

  - J’ai toujours espéré que tu allais venir…

  - Garde ton souffle. Conseilla-t-il avec un triste sourire.

  - Je peux te le dire maintenant… J’étais seule et triste. J’étais perdu... Je n’avais plus la force de vivre mais pas le courage de mourir… Seul pour compagnie la solitude. Je suis morte depuis tellement longtemps… Mais j’apprécie ton geste. Vous n’y pouvez rien mais pourtant c’est à cause de vous… Enfermée dans la prison de ma vie, tu es venu briser mes chaines mais tu en as oubliées. Seule dans mon enfer, face à mes pensées, où toutes les nuits j’attendais le matin pour espérer apercevoir une petite lueur d’espoir. Ma vie n’est qu’une succession d’erreurs. Tu veux savoir mon plus beau rêve ? C’est de m’endormir sans jamais me réveiller. Je souris, je ris mais je suis mal… Ma souffrance n’est jamais partie… Parfois, il ne suffit pas de tourner la page, il faut la déchirer…

  Puis ses yeux échangèrent un dernier regard avec Nicolas, puis ils s’éteignirent. Le mentor hurla à s’en bruler la gorge, ses larmes coulèrent sans relâche. Les derniers mots d’Eva lui étaient allé droit au cœur. Sa parole, longuement réfléchit par la jeune fille, tournaient dans sa tête. Comment une fille de douze ans pouvait avoir ce genre de réflexions ?

 

  Le souffle court d’Eva, son teint pâle et ses yeux vides ne quittaient jamais Nicolas qui essaya de reprendre sa vie d’avant. Mais elle resta dans l’esprit du directeur et des professeurs de l’internat.